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Esthétique de la bande dessinée
Pays : Belgique, Bruxelles
Editeur : La lettre volée
Collection : Essais
Année d'édition : 2012
Première édition : 2012
304 pages
15 x 21 cm - 450 gr
Langue : Français
ISBN : 978873173760
Fort joli livre, dont le format est intermédiaire au poche et à l'in-octavo. La couverture est un peu confuse, mais un regard un peu insistant découvrira un superbe dessin de Willem qui illustre parfaitement l'ouvrage. Rectangulaire, le livre tire vers le carré, avec une belle largeur de page qui assure une bonne ouverture : le poids des pages permet de tenir l'ouvrage ouvert dans la paume sans difficulté, et sans casser le dos carré et collé. À l'intérieur, le rectangle de composition est encadré par des marges suffisantes, notamment à l'intérieur, ce qui est appréciable. Une partie des pages est imprimée en couleur, ce qui est avantageux pour les illustrations qui en profitent (Crepax, Ware, etc.), mais beaucoup moins pour celles qui, incompréhensiblement, en sont dépourvues (Steinberg notamment). Surtout, on reprochera à certaines de ces illustrations (légendées, mais non datées) leur taille trop étriquée qui empêche de les voir clairement alors même le texte le demande. Ces reproches sont justifiés, mais ils ne doivent pas occulter le fait que l'ouvrage est globalement plaisant à consulter. On aurait aimé un index.
Avant-propos en forme d'hommage [Sophie Cazenave] p. 7
Présentation [Boris Eizykman] p. 13
Le bestiaire et l'agent double : une prosopopée de la bande dessinée [Gilbert Lascaux] p. 19
Les couloirs du récit, variation « scénariographiques » p. 41
Les planches alimentaires de Wilhelm Busch ou le chef d'œuvre à contre-cœur [Laurence Tuot] p. 53
Le monde de Krazy Kat : notes mondaines sur Krazy Kat [ Miguel Egaña] p. 73
La parade historique de Saint-Ogan. Une authentique transfiguration du banal [Romain Duval] p. 93
La mutation formelle d'Hergé [Boris Eizykman] p. 121
Crepax, Valentina et Moore [Stefania Caliandro] p. 149
Se compliquer la vie, mode d'emploi [Étienne Lécroart] p. 167
Écriture modale de la bande dessinée, l'apport de Chris Ware [Jacques Samson] p. 185
Bande dessinée, art ou média [Jean-Christophe Menu] p. 217
Espace de jeux et jeu d'espaces dans l'œuvre de Taiyo Matsumoto [Cyril Lepot] p. 231
Sur le cinéma immobile [Guy Fihman] p. 251
La Platitude des paysages de Saul Steinberg [Stéphanie Smalbeen] p. 265
Appropriation et combinatoire d'images dans quelques dessins d'art brut [Savine Faupin] p. 297
Au début des années 1960, un universitaire américain, cité par Rudolph Arnheim, pouvait se plaindre en ces termes de la piètre estime dont jouissaient les enseignements artistiques à l’Université. « L’art en soi apparaît comme une matière dénuée d’utilité et n’est trop souvent considéré que comme une fioriture du programme, une futilité tout juste bonne pour les étudiants inaptes aux études techniques, un dépotoir pour athlètes, un training thérapeutique pour paraplégiques. » À cette époque, les bandes dessinées n’avaient guère droit de cité dans les sphères académiques, sinon vous imaginez les horreurs qu’on aurait entendues à propos de cette neuvième roue de la citrouille artistique. En pensant à Mad, Marshall Mac Luhan remarque pourtant que l’art populaire - auquel il rattache les bandes dessinées - « est un clown qui nous rappelle toute la vie et toute la liberté dont nous nous privons dans notre routine quotidienne ». Aujourd’hui, alors que le « neuvième art » fait l’objet de cours, de colloques comme de publications universitaires, « liberté » est effectivement le maître mot permettant de comprendre l’intérêt que nous pouvons porter à son univers hétéroclite, non pas seulement parce que la bande dessinée nous donnerait à son contact l’illusion de rester en marge de la culture officielle, mais surtout parce que ses recherches plastiques et narratives témoignent, dans le meilleur des cas, d’une liberté radicale de création, rebelle au formatage de l’industrie culturelle, étrangère à l’ordre de la communication et à ses codes élémentaires.
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