La marque Jacobs

Comme Hergé ou Jijé, Edgar P. Jacobs se fait ici personnage de bande dessinée. Il en ressort un récit mettant surtout l'accent sur les années de jeunesse qui précèdent la réalisation de la première grande œuvre de Jacobs, à savoir Le Secret de l'Espadon. En effet, plus des deux tiers des pages du livres sont nécessaires avant d'entrer dans la période qui suit immédiatement la seconde guerre mondiale. Les auteurs s'attardent sur les relations du dessinateur avec les femmes et sur ses premières années pluridisciplinaires, livrant une image intéressante de l'artiste. À l'inverse, ils donnent une représentation lissée de toute aspérité de la période de l'occupation, suivant leur en cela la doxa hergéenne qu'il n'aurait pas été inutile ici de questionner de manière plus directe. L'interview finale de Rodolphe recèle quelques surprises, comme l'affirmation manifestement contradictoire selon laquelle aucune période de la vie de Jacobs n'aurait été privilégiée. De même, on peut s'interroger de la raison qui pousse un biographe à vouloir minimiser des « domaines qui ne relèvent que de [la] vie privée [de Jacobs] ». Il ressort en définitive de ce livre une lecture intéressante, mettant l'accent sur certaines facettes de l'artiste, mais qu'on aurait aimé plus étoffée.