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Histoire d'un genre
C'est Cyrille Fourmy qui assure la maquette de ce livre, lequel s'ouvre sur une couverture souple illustrée par une page de Christophe Blain. BD Western est le septième titre de la collection Esprit BD de Karthala, dont il reprend donc le format, un in-octavo au dos carré sur lequel sont collés les cahiers. À l'intérieur, les illustrations sont désormais en couleur, ce qui est une nouveauté récente de la collection. Ces illustrations sont généralement des cases extraites des bandes dessinées commentées, placées seules sur la page, seulement accompagnées de leur légende (sourçant et datant l'image comme il se doit). Le texte, qui coule sur une seule colonne, est fréquemment trouée de blancs que nous trouvons excessifs, à savoir de larges espaces interparagraphes, plus grands encore quand ils précédent un titre. Une abondante bibliographie conclut l'ouvrage, qui n'est pas doté d'index.
Introduction p. 5
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Chapitre 1 - Un Ouest burlesque au présent - de 1900 aux années 1930 p. 13
La longue durée du récit de l’Ouest p. 18
Trois œuvres p. 25
L’Ouest au présent p. 36
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Chapitre 2 - L’Ouest conservateur : fabriquer des garçons, protéger la famille - des années 1940 aux années 1960 p. 55
Genre et familialisme p. 60
Une production massive p. 67
Un genre p. 73
Entre Gustave Aimard et Hollywood p. 74
L’ordre familial p. 89
Deux séries : Lucky Luke et Jerry Spring p. 103
. Tableau 1. L’univers de Jerry Spring p. 116
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Chapitre 3 - L’Ouest révolutionné ? - les années 1960-1970 p. 123
Un monde en mutation p. 129
Blueberry : la matrice p. 139
La force d’un récit p. 140
Les Indiens, du consentement victimaire au refus de la conquête p. 258
Blueberry environnementaliste ? p. 174
Le genre de Blueberry p. 176
Une génération de héros récurrents p. 197
. Portrait de groupe p. 197
. Stabilité d’un genre ? p. 204
. L’indien édénique p. 211
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Chapitre 4 - L’Ouest éclaté - des années 1980 à nos jours p. 225
Revisiter les classiques : Gus et Junk p. 234
Le pré-Ouest : le travail de Patrick Prugne p. 246
Une vie de femme : la Calamity Jane de Blanchin et Perrissin p. 259
La bande dessinée impossible : Simon Roussin p. 266
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Conclusion p. 276
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Bibliographie p. 281
La bande dessinée western d’expression française a une histoire séculaire qui est toujours entrée en dialogue avec celle de tous les autres medias créateurs et diffuseurs de récits de l’Ouest américain : la littérature populaire, le spectacle de l’Ouest américain, le spectacle vivant, le cinéma… Elle participe aux définitions croisées, comme en miroirs, d’une identité et de celle, collective et intime, des lecteurs francophones. « Lecteurs » plus que « lectrices » sans doute, car le genre western tire sa force de sa relation aux codes de la masculinité er de la féminité. Il s’adresse aux garçons pour leur donner des clés de compréhension de leur monde qui dépendent évidemment de nombreux facteurs extérieurs et qui évoluent donc fortement. À une première période d’Ouest contemporain et dont s’empare le burlesque succèdent deux temps que l’on pourrait croire à première vue antagoniques : dans la Guerre Froide c’est l’idéal familialiste qui est mis en valeur, le héros masculin défend un monde où les pères et maris pourraient tenir leur rôle « authentique », tandis que les années 68 voient des tentatives de subversion du genre, plus ou moins abouties, en reprenant comme naturellement les éléments de base du récit de l’ouest (les Indiens, les bandits…). Une dernière phase s’est ouverte dans les années 1980 et demeure moins lisible : dans un paysage éditorial complexe, les reprises classiques côtoient les recompositions et les alternative en tous genres.
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