Snoopy Theory

Bref essai de Nicolas Tellop, à qui l'on doit déjà un texte du même type sur l'œuvre de Franquin (PLG). Le présent titre est un rapide commentaire sur le strip de Charles Schulz, et plus précisément sur la figure de Snoopy. « Plus qu'un chien, plus qu'un personnage, plus qu'un philosophe, Snoopy est un signe […] qui ne cesse de tendre au lecteur le miroir de sa propre condition ». Notons au passage quelques rapprochements judicieux d'œuvres ayant précédé ou suivi celle de Schulz, et notamment l'immanquable Krazy Kat, mais aussi Boule et Bill, la comparaison entre les bandes dessinées de l'Américain et du Belge étant bien trouvée. La figure de Snoopy accompagne l'ensemble de Peanuts, sur près de cinquante ans. On imagine donc aisément que quatre-vingt pages de petit format ne peuvent suffire à étudier ce personnage central. L'auteur privilégie donc quelques récits récurrents qui mettent en scène le célèbre chien, et tout particulièrement ceux où ils se prend pour l'as des aviateurs de la première guerre mondiale, en duel aérien contre le Baron Rouge. Tellop voit ainsi dans ce motif une évocation de la guerre du Vietnam, contemporaine, nous dit-il, des premières histoires de Snoopy aviateur. On pourra cependant regretter que Tellop ne perçoive pas dans Snoopy une figure répondant à celle de Charlie Brown, de même qu'à celle de Lucy Van Pelt. Devant les aléas de la vie, ce sont trois façons de réagir qui sont confrontées. Pour Charlie Brown, c'est une réponse pessimiste, abattue, résignée. Au contraire, Snoopy s'installe toujours aux premières loges, dans une posture grandiloquente dont le caractère contradictoire avec sa réelle condition de beagle est précisément fondateur de cette réponse. C'est parce qu'il ne peut en aucun cas être un aviateur qu'il s'imagine l'être (ou un grand joueur de tennis, un célèbre écrivain, un bel étudiant, etc.), objectant donc par l'imaginaire aux innombrables frustrations de ce monde.