Pétrone Blutch

Une rencontre

Marie Barbier , Jean-Louis Gauthey

Pays : France, Paris

Editeur : Marie Barbier

Collection : 2019

Année d'édition : 24,5 x 30,5 cm - 1 000 gr

Première édition : 2019

128 pages

Français

Langue : France, Paris

ISBN : 9782956119326

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Consacrer un ouvrage à Péplum est une riche idée. Le livre de Blutch, formidable, s'accompagne volontiers d'un commentaire, qui permettra peut-être à certains lecteurs de se plonger secondairement dans sa lecture, convaincus d'abord par les explications qui leur auraient été apportées. Il en va ainsi de certains livres : ils résistent à la lecture, un accompagnement peut les introduire avantageusement. Ici, l'accompagnement met d'abord en avant la beauté des images de l'artiste, et ceci vaut aussi pour les esquisses, notes et autres travaux préparatoires. Ils auront d'ailleurs l'intérêt de satisfaire aussi le lecteur averti de l'œuvre de Blutch, qui trouvera là un complément fertile à l'un des travaux marquants du dessinateur français.
Le commentaire de Péplum prend plusieurs formes, outre la présentation du matériel de travail : il évoque le texte de Pétrone, et ce que Blutch en a fait ; il fait raconter par l'éditeur, Jean-Louis Gauthey, l'histoire du livre ; il rapporte les entretiens de Blutch avec Marie Barbier concernant Péplum, des discussions qui ont eu lieu en mars et juin 2018.
Dans les propos qui sont rapportés ici, Blutch indique ce qu'il avait à l'esprit lorsqu'il créa Péplum. «J'ai fait mon beurre avec une quantité de choses», estime-t-il. À voir les fac-similé, la trace de l'encre et de la gouache blanche, on se dit que le « beurre » est une bonne description. Les choses en question, ce sont des films et des romans, mais aussi des bandes dessinées, et notamment celle de Pratt, Tardi, Manara, Muñoz, Forest, des maîtres du noir et blanc, mais aussi de Jacques Martin (pour Alix, bien entendu), ou encore de Pellos.
La dernière partie du livre se penche sur la manière dont Blutch a emprunté le texte de Pétrone pour le réutiliser à sa façon. « Ce montage confirme ce que Blutch confiait en entretien, estime Marie Barbier. Toute la genèse de Péplum, il a pensé au théâtre. Et ce qu'il a gardé de cette première sélection, ce sont des fragments de discours plutôt que des histoires ».

- Blutch

Noir & Blanc - Cinéma - Nouveaux éditeurs (90) - Plastique - Dessin / Trait / Expression grap - Littérature

La galerie Barbier, ex-Barbier Mathon, héberge encore une structure d'édition, également dénommée Barbier, mais préfixée Marie (le responsable de la galerie est pour sa part prénommé Jean-Baptiste). Le présent livre est à mettre au crédit des éditions Marie Barbier, et s'il est consacré à un artiste habitué de la galerie, ce n'est pas à proprement parler le catalogue d'une exposition qui s'y serait tenue. C'est un ouvrage au format de l'album franco-belge, quoi que de belle taille, couvert de plats fortement cartonnés et pincés à l'endroit où ils s'assemblent au dos, bien droit. L'intérieur est imprimé en quadrichromie, quoi que la couleur ne soit vraiment visible que sur les fac-similés de documents de travail de Blutch, lorsque l'artiste annote, souligne ou applique une couleur sur un dessin ou sur un texte (citons encore les reproductions des sérigraphies imprimées pour le tirage de tête de Péplum). Les reproductions d'originaux, qu'ils soient issus de travaux définitifs ou qu'ils appartiennent au matériel préliminaire, sont de fort belle facture, rendant justice au travail de l'artiste. Occupant la plus grande partie du livre, ils sont tous légendés, mais rarement datés. En revanche, des indications techniques sont fournies pour chaque pièce, et notamment ses dimensions. Pour son livre, Marie Barbier a pu accéder aux archives de l'auteur, ainsi qu'à celle de Cornélius, l'éditeur de Péplum. Les articles qui complètent le livre sont composés sur une colonne, laissant une marge intérieure confortable, très large en grand fond. Les notes sont renvoyées en bas de page, et sont parfois surprenantes. Ainsi, quand l'autrice évoque Pratt, Tardi, Manara, Muñoz et Forest, une note précise que le premier est « un auteur de bande dessinée italien, père du mythique Corto Maltese, le séduisant marin dont on suit la vie aventureuse faite de rencontres et de voyages […] ». On se demande bien s'il y a du sens à une telle précision dans un ouvrage consacré à un auteur qui n'est probablement connu que des esthètes de la bande dessinée. D'autre part, on s'interroge : pourquoi seul Pratt a-t-il droit à sa note ? La belle facture de l'ouvrage, et le fait qu'il se consacre judicieusement à un ouvrage difficile d'un auteur qui ne l'est pas moins rendent l'amateurisme de ces notes amusant.

Sommaire du livre

Pétrone-Blutche : une rencontre p. 7

Travail préparatoire p. 15

Entretien avec Blutch p. 37

Histoire éditoriale de Péplum [Jean-Louis Gauthey] p. 87

Du roman à la bande dessinée : le texte revisité p. 113

Bibliographie p. 126

4e de couverture

Blutch n'a pas trente ans quand il décide d'adapter le Satiricon de Pétrone. Que donne la geste d'Encolpe et de Giton, car le Satiricon n'est autre que les tribulations de deux étudiants fauchés dans une Rome décadente, entre les mains d'un artistes réputé pour la particularité de son trait et sa poésie ?
« Moi, je voulais une BD qui se passe dans l'Antiquité mais fauchée, pauvre. Une BD où les acteurs sembleraient, par moments, jouer devant des rideaux peints. » Avec Péplum, sorti en 1997, une épopée sauvage et poétique, la bande dessinée arrive à un degré de maturité rarement atteint.
Assorti d'un entretien, de nombreux inédits (notes, crayonnés, dessins) et d'une note critique, le présent livre revient sur cette exceptionnelle aventure artistique tout en explorant dans la veine du « Flaubert-Druillet » qui l'a précédé, les affinités entre littérature et bande dessinée…