Aux origines de la bande dessinée l'imagerie populaire

Ce titre contribue intelligemment à la mise en lumière des débuts de la bande dessinée et des formes apparentées qui ont pu la précéder et avec lesquelles elle s'est métissée. On notera ainsi le premier chapitre, intitulé « Faire récit », qui pose la question des principes d'organisation des images préexistants à la bande dessinée. Il est en effet indubitable que des principes antérieurs à ce qu'il est convenu d'appeler la bande dessinée ont pu être sollicités pour s'hybrider dans la forme que nous connaissons depuis le milieu du XIXe siècle. On notera encore que les auteurs de ce catalogue estiment, à l'instar de Jennifer Heim, que dès le XIXe siècle, l'enfant « devient une cible commerciale privilégiée par les éditeurs : preuve en est la multiplication des revues et des livres illustrés spécifiquement destinés au jeune public ».
Il faut préciser que Aux origines de la bande dessinée, l'imagerie populaire fait une large place aux questions de mise en page et d'organisation des images, provoquant un usage immodéré du terme de « gaufrier », qui résume malheureusement tout l'appareillage analytique dont disposent les auteurs. Ainsi par exemple, si le catalogue est l'occasion d'observer des compositions semi régulières en vigueur dès le milieu du XIXe siècle, il est bien en peine d'expliquer de quoi il s'agit, se bornant à préciser que « le compartimentage traditionnel est en partie abandonné ». De fait, on regrettera le manque de curiosité des auteurs pour les études portant sur la mise en page, qu'ils semblent ignorer, y compris en ce qui concerne les titres cités dans la bibliographie finale, et ceci en dépit de l'outillage qu'ils auraient pu avantageusement leur apporter. Ainsi, Jennifer Heim reproduit-elle les jugements très contestables de Benoît Peeters concernant les mises en pages qu'il qualifie de « conventionnelles » dans son Case, planche, récit. En regard d'une belle page de Firmin Buisset, Heim estime ainsi qu'il s'agit d'une « planche à l'agencement timoré », jugement de valeur peu acceptable au vu de la page en question. Or, dès 1999, Thierry Groensteen avait remis en cause les conceptions positivistes de Peeters concernant des compositions de ce type, dans son Système de la bande dessinée pourtant cité dans la bibliographie. Ceci sans évoquer même le Composition de la bande dessinée de Chavanne, titre où ces notions sont une nouvelle fois discutées et dont les auteurs semblent tout ignorer. Il paraît en conséquence que la bibliographie n'est, pour les auteurs, qu'un exercice de pure forme où l'on se contente de citer des titres bien connus sans prendre la peine de le lire. Et que dire de se tenir informer des études les plus récentes… ! Regrettable et peu scientifique.