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Bande dessinée et Shoah
Pays : France, Paris
Editeur : L'Harmattan
Collection : Champs visuels
Année d'édition : 2002
Première édition : 2002
190 pages
21,5 x 13,5 cm - 270 gr
Langue : Français
ISBN : 2747531589
Ouvrage fonctionnel, dira-t-on en pour décrire cet ouvrage édité chez L'Harmattan. Par bonheur, cet éditeur atypique du paysage français existe. On lui doit certains ouvrages, comme ce Maus d'Art Spiegelman, qu'on est heureux d'avoir sous la main. Toutefois, le plaisir de l'objet livre n'est pas le point fort de la maison parisienne. La typo est un peu grasse, les folios bien visibles, les marges un peu courtes. L'ouvrage présente plusieurs reproductions de Maus, et notamment des extraits intéressants des premières versions de l'œuvre. Toutes les illustrations sont légendées.
Notule de Harry Morgan et Manuel Hirtz :
Une très sérieuse étude sémiotique et narratologique de la poignante œuvre de Spiegelman. L'auteur se perd parfois dans des précautions méthodologiques (« Si on hésite à trouver une qualification satisfaisante pour définir Maus c'est peut-être parce que cette œuvre est tout entière marquée du sceau de l'hésitation ») et paraît enfoncer des portes ouvertes (« Il est clair que les personnages de Maus s'apparentent aux personnages des funny animals »). Mais il fait, au fil des pages, nombre de remarques intéressantes et son approche théorique de la BD, essentiellement fondée sur les travaux de Thierry Groensteen, lui permet de répondre à la question fondamentale : quel gain narratif Spiegelman trouve-t-il à donner l'histoire de son père sous forme d'une bande dessinée animalière ?
Source : Le Petit Critique illustré - (c) PLG, Harry Morgan et Manuel Hirtz
Introduction p. 9
Notes p. 18
Chapitre 1 : du côté de chez Mickey Maus p. 211. De l'underground à l'underwolrd
1.1 Le locataire underground p. 22
1.2 Maus, le "comix vérité" p. 29
2. La sémiotique de spiegelman p. 35
2.1 L'évolution du graphisme dans MAUS p. 36
2.2 Dans la fabrique des signes p. 38
2.3 L'inscription dans un genre p. 42
3. La poétique de l'ironie p. 48
Notes p. 52
Chapitre 2 : Une oeuvre complexe et polyphonique p. 591. Les comics comme récit livresque p. 59
2. Un double récit p. 64
3. Une construction par enchâssement p. 71
4. Une oeuvre polyphonique p. 71
5. Le nom propre de Vladek p. 76
Notes p. 82
Chapitre 3 : De la quête autobiographique à la construction d'un témoin p. 871. « Je voudrai avoir été à Auschwitz avec les parents » p. 87
2. Archéologie de la famille p. 94
2.1 Richieu p. 94
2.2 Anja p. 96
2.3 Vladek p. 100
3. La reconstruction de Vladek en témoin p. 103
Notes p. 109
Chapitre 4 : La problématique de la réception p. 1131. Voir ensemble le passé et le présent p. 115
1.1 Le passé inaccessible et indépassable de la photographie p. 116
1.2 La pertinence du multicadre BD p. 120
2. La réception énonciative p. 126
2.1 Le témoin et son histoire p. 126
2.2 Récit et histoire de Vladek p. 129
2.3 Récit et histoire de Spiegelman p. 137
3. La réception cognitive p. 143
3.1 Et c'est là que les ennuis de Spiegelman ont commencé p. 144
3.2 « Un mouvement vers l'abstraction » p. 149
3.3 Un mouvement vers les mots p. 153
Notes p. 158
Conclusion p. 169Notes p. 174
Bibliographie p. 177Dans ce livre, le premier à être consacré à une analyse d'ensemble de MAUS, A Survivor's Tale, Pierre Alban Delannoy propose d'interroger la pertinence de la bande dessinée à traiter d'un sujet aussi grave que celui de la Shoah.
Une phrase, prononcée par Art Spiegelman à la page 16 du second tome,révèle la nature exacte de son œuvre : « Je sais que c'est dément, mais d'une certaine manière je voudrais avoir été à Auschwitz avec mes parents ». MAUS est cette tentative insensée : la descente aux enfers d'un fils de survivants qui cherche à s'approprier symboliquement une place au sein de sa famille en des lieux et des temps où elle fut durement éprouvée par le Génocide. Puisque ces lieux, ces temps et ces personnes sont désormais inaccessibles, Spiegelman tente de s'en approcher par les images mentales et dessinées que suscite le témoignage de son père, dont il est à la fois l'initiateur et le destinataire privilégié et qu'il restitue, d'un même mouvement, en substance et dans ses conditions d'énonciation. En nouant étroitement le témoignage de Vladek et l'autobiographie de son fils, MAUS se présente comme un étrange véhicule qui permet à son auteur de faire passer le passé dans le présent, pour affronter ensemble la réalité d'Auschwitz et les traumatismes que celle-ci à provoqué chez lui. Or, c'est précisément parce que la bande dessinée rend possibles des articulations spatio-temporelles extrêmement complexes (qu'elle est peut-être la seule à permettre) qu'elle est le médium le mieux adapté à cette entreprise.
Mots-clés : Shoah, bande dessinée, autobiographie, témoignage, réception, sémiotique de l'image.
Pierre Alban Delannoy est agrégé de Lettres Modernes et docteur de 3e cycle. Il enseigne à l'Université Charles de Gaulle Lille 3. Il a publié plusieurs articles sur l'image dans les livres pour enfants et dans la bande dessinée. Il est également scénariste de BD.
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