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Essai
Pays : France, Paris
Editeur : L'Association
Collection : Éprouvette
Année d'édition : 2006
Première édition : 2006
88 pages
15,5 x 22 cm - 230 gr
Langue : Français
ISBN : 2844141994
C'est une belle couverture orange qui enveloppe ce court traité consacré à Mattt Konture. En bichromie (avec du noir en seconde couleur), comme il se doit pour la couverture des titres de la collection Éprouvette de L'Association. Attention, l'objet est fragile, la couverture pouvant facilement s'abîmer, car son papier légèrement râpeux supporte assez mal l'usure. Le texte est composé sur un large pavé, dont les lignes un peu trop longues s'engagent dans le pli de la reliure. Le papier (un Munken Pure de 130 grammes, nous dit le catalogue de l'éditeur) est plutôt plaisant, sa teinte légèrement jaune évitant d'agresser l'œil. Les illustrations sont très peu nombreuses, et se bornent à un rôle décoratif en ouverture de chapitre. Certaines sont très belles.
Notule de lecture de Harry Morgan et Manuel Hirtz :
Un agréable essai, résolument littéraire, ce qui est relativement rare dans la littérature secondaire sur la bande dessinée, sur Mattt Konture, auteur entre autres de Auto-Psy d'un mort-vivant (5 volumes à L'Association, 1999-2001) et de Galopu sauve la terre (L'Association, 2005).
Le point de départ de l'auteur est la nature irréductible de l'œuvre (« toute œuvre d'art reste muette sur ses fins ultimes... »), l'œuvre conservant éternellement le mystère de la façon dont elle est ficelée, ce que Thiellement appelle sa torsion. (Les premiers personnages de Konture sont les tordus, inspirés par les handicapés profonds que soigne son père.) De là, Thiellement arrive à la notion d'œuvre en train de se faire, en lutte avec elle-même, puis à l'émergence du personnage konturien (le bonzomme), qu'il considère comme le produit d'une sorte de crucifixion athée. Notre essayiste examine le topos du souterrain, avant de passer à une typologie des personnages de Konture, qui représentent chacun une position existentielle différente.
Pacôme Thiellement a la tête allemande. Le parcours artistique de Mattt Konture est décrit comme un cheminement, souvent souterrain, qui le ferait passer de la conscience malheureuse de Hegel à la réconciliation avec le monde via Nietzsche. (Konture aurait trouvé spontanément un équivalent de l'apologue du chameau, du lion et de l'enfant au début du Zarathoustra.) Mais au fond, peu importent les références exactes sur lesquelles s'appuie notre essayiste. Après tout, le second Faust de Goethe aurait aussi bien fait l'affaire.
Il est dommage que Thiellement, qui note avec soulagement que son dessinateur a définitivement renoncé à tout ce qui peut rappeler les formes d'humour commerciales, avec gag et chute, ne fasse pas la recension de ce qui, dans la mythopoeia de Konture, ressortit au noyau dur des littératures dessinées. Certes, deux emprunts à ce noyau dur traversent l'essai : la construction du récit autour du personnage, qui à lui seul est le principe d'organisation du monde dans lequel il vit, et le principe de transformation. Mais l'essai aurait gagné à un examen systématique de ces éléments immanents à la forme bande dessinée.
On regrettera pour finir que le dessin de Konture soit peu pris en compte, passé le propos initial sur la torsion, et si l'on excepte quelques réflexions sur la hachure dans le second chapitre. (Pacôme Thiellement considère à juste titre que l'œuvre de Mattt Konture se situe dans la continuation de l'underground américain, ce qui impose la référence à Crumb.)
Source : The Adamatine - (c) Harry Morgan et Manuel Hirtz
1. La Puissance et la Torsion p. 7
2. La revanche des indiens morts p. 13
3. Le Champion des nerfs p. 19
4. La Fabrication des Bonzommes p. 27
5. Éthique du Souterrain p. 37
6. Chameau, Lion, Enfant p. 47
7. Voir p. 59
8. Le Dernier danger p. 69
9. Le Trésor et la Clémence p. 79
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