- -5%

ou l'image inquiétée
Pays : France, Tours
Editeur : Presses Universitaires François Rabelais
Collection : Iconotextes
Année d'édition : 2017
Première édition : 2017
256 pages
14,5 x 21 cm - 450 gr
Langue : Français
ISBN : 9782869064904
Petit in-octavo ou grand livre de poche comme on voudra, ce titre répond aux normes de la collection Iconotexte éditée par les Presses Universitaires François Rabelais de l'Université de Tours, une collection dirigé par Cécile Boulaire et Laurent Gerbier où figurent déjà plusieurs titres de Pierre Fresnault-Deruelle. La couverture est donc souple, le dos carré. Ici, et cela n'a pas toujours été le cas pour les ouvrages préalables de cette collection, l'ensemble est imprimé en quadrichromie, ce qui profite aux nombreuses illustrations, dont on regrette toutefois que certaines soient reproduites en petite taille, plus petite en tout cas que ce que pouvait exiger le format du livre.
La composition du texte est fort convenable, l'usage d'une typo bâton lui offrant un parfum de modernisme fort adapté quand il s'agit d'un auteur comme Jacobs. Ceci en dépit du fait que les empâtements, donc absents ici, facilitent la lecture. L'ouvrage est décomposé en deux grandes parties, elles-mêmes subdivisées en chapitres et paragraphes, l'éditeur nous évitant toutefois, et c'est heureux, les fastidieuses numérotations emboîtées dont sont coutumières les publications universitaires. La première partie aborde l'œuvre de Jacobs livre par livre, si l'on peut dire, depuis la reprise du Flash Gordon de Foster dans Bravo ! jusqu'au Piège diabolique, Pierre Fresnault-Deruelle ne jugeant pas les ultimes productions de Jacobs suffisamment dignes d'intérêt pour s'y arrêter. Avis que l'on peut accepter. La seconde partie est une suite de commentaires d'images (entendre par là de cases), revenant, dans le désordre et brièvement, sur les œuvres préalablement abordées.
Une bibliographie sélective, pas d'index. Préface de Benoît Peeters, dont la propre œuvre, dessinée par François Schuiten, fait l'objet de louanges répétées de Fresnault-Deruelle dans le reste du livre.
Préface [Benoît Peeters] p. 17
Introduction - Les raisons d'un choix p. 23
.
PREMIÈRE PARTIE - L'INTELLIGENCE GRAPHIQUE DE JACOBS p. 33
L'Heroic Fantasy gouvernée par le sens du décorum, ou Flash Gordon revisité p. 35
. De Flash Gordon à Gordon l'Intrépide p. 35
. Maniérisme p. 36
. Le corps et la machine p. 38
La Guerre des Mondes. Une esthétique du désastre p. 41
. Illustrer p. 41
. Le fantasme de l'invasion p. 42
. L'Anticipation p. 45
. Le retour du refoulé p. 47
. L'ingénierie martienne p. 50
. Le noir et blanc p. 52
. Un roman qui vient de « loin » p. 53
. Fantastique versus merveilleux scientifique p. 57
Le Rayon « U ». Une œuvre matricielle p. 59
. Filiations, reprises p. 59
. Recyclage, répétitions p. 63
. UraDium/UraNium p. 65
. L'or du récit p. 65
. Illustration/Narration p. 66
. Scientificité imaginaire p. 68
. Un filiation classique et malgré tout créative p. 70
. Chromatisme p. 71
. Syncrétisme p. 72
Le Secret de l'Espadon. La symétrie et le centrage des vignettes chez Jacobs p. 75
. Découpage/Montage/Planche p. 75
. La capture de Mortimer et ce qui la précède p. 76
. La mousson, ou la montée de la tension p. 77
. Géométrie de la tension p. 80
. Sous les falaises de Makran p. 82
. La découverte de l'Espadon et le final p. 85
.. La Construction de l'engin p. 85
.. L'Apocalypse p. 88
Les couvertures du Mystère de la Grande Pyramide p. 91
. Une image plate ? p. 91
. Une couverture malgré tout banale p. 95
Le Mystère de la Grande Pyramide. Le rêve archéologique p. 99
. L'expansion du songe p. 99
. Liturgie p. 102
. Hiérophanie p. 103
. Entre évocation et présentification p. 104
. Intertexte p. 105
. Signes avant-coureurs p. 106
. Le passé imbriqué dans le présent p. 107
. Le conjectural p. 107
. Pré-dispositions p. 109
. Du comique au dramatique (et non l'inverse) p. 110
. La main qui se souvient p. 111
. La catastrophe annoncée p. 113
. Le rêve archéologique, derechef p. 115
. Tout-Ankh-Amon p. 116
La Marque jaune. Album mythique p. 119
. La lettre grecque Mu p. 119
. Le mauvais augure p. 119
. L'un des tournants du récit p. 122
. La mémoire des couleurs p. 122
. Lucifer p. 123
. La créature de Septimus p. 126
. Au cœur du British Empire p. 128
. La Tour de Londres p. 129
. Une ambiance sécuritaire p. 130
. Fouiller la nuit p. 131
. Crypto-image p. 134
. Physique narrative p. 135
. La partie haute de l'image p. 136
. L'homme nouveau p. 136
La Marque jaune. La couverture de l'album p. 139
. La « Une » du journal Tintin (5 août 1953) p. 139
. Frontispice p. 143
L'Énigme de l'Atlantide. De l'éclectisme au syncrétisme p. 145
. La passion d'illustrer p. 145
. Conjectures p. 146
. Un travail d'amalgame p. 148
. L'éclairage et la lumière, derechef p. 151
Le Piège diabolique, 1. L'interface p. 153
. L'interface p. 154
. Anachronisme p. 154
. Le saut dans le temps p. 157
. le sens réverbéré dans la forme p. 160
. Schizographie p. 160
Le Piège diabolique, 2. Du Moyen Âge au LIe siècle p. 163
. La contribution de Liliane et Fred Funcken p. 164
. Jacobs change de registre : la crudité, le burlesque et la caricature p. 166
. L'exception érotique : Agnès p. 168
. Le basculement dans un futur lointain p. 168
La voie de leur maître. Parodies et pastiches p. 171
. La semblance et le travestissement p. 171
. Pastiches et parodies p. 174
.. L'aventure immobile p. 174
.. Le Rendez-vous de Seven Oaks, Le Dossier Harding, Blitz, Underground p. 177
. Le Réseau Madou p. 180
. Quelque chose comme une Renaissance p. 181
.
DEUXIÈME PARTIE - CASES EN EXERGUES p. 183
La Geste et Le Geste p. 185
Le Corps de Sylvia p. 187
Jacobs alias Mortimer ? p. 189
Haute Tension p. 191
L'Arrivée du train p. 193
Machine p. 195
Le Diable p. 198
La Visite p. 200
Les Persiennes p. 202
Ne pas avoir su ménager ses arrières p. 204
Trop tard p. 206
Au coin du feu p. 208
La Dame à la fourrure p. 210
Entre-deux p. 212
Clones p. 214
L'Arche p. 216
Apparition p. 218
Un Espace coercitif p. 220
La Spirale p. 222
L'Hydroglisseur p. 224
La Gueule du loup p. 226
Design p. 228
Dramaturgie p. 230
Acrobatie p. 232
L'Abstraction figurative p. 234
.
Conclusion p. 237
Marginalia p. 241
Bibliographie sélective p. 247
Du même auteur p. 249
En s’émancipant de la matrice du space opera américain pour forger sa propre ligne au contact d’Hergé, Edgar Pierre Jacobs développe un style à la tension dramatique exceptionnelle, marqué par une inquiétude captivante. Pierre Fresnault-Deruelle analyse la construction du récit et la poétique de l’image pour plonger le lecteur dans l’imaginaire graphique jacobsien.
« Pierre Fresnault-Deruelle le montre à merveille […]. La case jacobsienne ne se donne pas d’emblée ; elle a ses recoins et ses coulisses. Curieuse « ligne claire » en vérité que celle qui doit tant à l’univers des ténèbres. Bien plus que celles d’Hergé, les images de Jacobs sont prises dans un jeu de référence que l’iconologue nous aide à déceler.
[…] Nous qui écrivons sur la bande dessinée, nous sommes tous redevables à Pierre Fresnault-Deruelle […]. Ne fut-il pas l’un des tout premiers à défendre le neuvième art au sein de l’université française ? […] Hergé est l’auteur sur lequel il est le plus souvent revenu […]. Mais Edgar P. Jacobs, l’autre grand maître de l’école de Bruxelles, méritait qu’on se penche sur son œuvre de plus près. »
Benoît Peeters
Pierre Fresnault-Deruelle est Professeur honoraire à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, où il a enseigné la sémiologie de l’image. Il a fondé en 2001 le Musée critique de la Sorbonne (Mucri) et est l’auteur de plus d’une vingtaine d’ouvrages consacrés à la peinture, à l’affiche et la bande dessinée.
Lire aussi