Étude du motif de la porte et de la fenêtre dans la bande dessinée
Pays : France, Montrouge
Editeur : PLG
Collection : Mémoire vive
Année d'édition : 2020
Première édition : 2020
336 pages
16 x 24 cm - 660 gr
Langue : Français
ISBN : 9782917837382
Dessiner et composer est le troisième ouvrage de Renaud Chavanne, qui poursuit ici une réflexion entammé il y a plus de 15 ans concernant l’organisation des images dans la bande dessinée, c’est-à-dire la composition, qu’on appelle encore mise en page. Après une ouverture spécifiquement orientée sur l’étude de la façon de faire du créateur de Blake et Mortimer (Edgar P. Jacobs et le Secret de l’explosion, 2005), Renaud Chavanne a généralisé ses conclusions dans Composition de la bande dessinée (2010). Avec Dessiner et composer, il s’attache aujourd’hui à l’étude des rapports entre la composition d’une image et la mise en page des cases, ceci au travers d’un motif qu’on rencontre fréquemment dans la bande dessinée : les portes et les fenêtres.
Tout à la fois représentation figurant des lieux et des objets usuels, les portes et les fenêtres sont aussi de puissantes images symboliques utilisées depuis plus d’un siècle pour évoquer l’intérieur et l’extérieur, le privé et le public, le familier et le sauvage, la vie et la mort, la psyché et le monde, etc. Ces couples de notions et les objets-lieux qui les symbolisent (fenêtres et portes), se sont largement installés dans la bande dessinée en vertu de principes simples et largement partagés : la case est une fenêtre sur le monde, la page est une porte que l’on fait pivoter pour accéder à ce qu’il y a de l’autre côté.
Le livre lui-même cède à ces analogies en se faisant immeuble, forme monumentale célébrant tout à la fois l’univers qu’il renferme, mais aussi le siège des récits immémoriaux qu’il préserve et transmet depuis plusieurs millénaires.
Bien qu'appartenant à la collection Mémoire vive, et en reprenant certains de ces attributs (le format in octavo, la couverture souple à rabats, le dos droit), ce livre de Renaud Chavanne s'en distingue par la couleur jaune de la couverture, qui répond à celle des deux autres ouvrages que l'auteur à signé chez PLG. Signalons au passage que le dessin qui couvre les plats, les rabats et le dos est de Nicolas Presl. La mise en page intérieure se différencie également de celle des autres titres de la collection, puisqu'elle n'est pas due au maquettiste habituel de la maison de Montrouge. Toujours sur une colonne, l'intérieur du livre laisse de larges marges extérieures et inférieures. Les notes sont renvoyées en bas de page. Les nombreuses illustrations sont reproduites en noir et blanc, légendées et datées. Le livre s'achève sur un index de noms d'auteurs et d'artistes et sur une bibliographie. On déplore des erreurs de pagination dans le sommaire.
Notule de Harry Morgan et Manuel Hirtz :
Les recherches formelles sur les littératures dessinées menées par l'auteur (Edgar P. Jacobs et le secret de l'explosion, 2005, Composition de la bande dessinée, 2010) partaient du dispositif. Cette fois, Renaud Chavanne inverse la perspective, en partant d'un motif récurrent dans les récits dessinés, celui des ouvertures, portes et fenêtres, et il examine l'interaction de ce motif avec le dispositif, via ce que la paléosémiotique aurait appellé la naturalisation du code (une ouverture dans l'univers dessiné est aussi peu ou prou une ouverture entre les cases ou sur les cases). Ceci l'amène en particulier à conceptualiser la case-fenêtre, la porte-page et la case-cube.
L'auteur fait preuve d'un bel éclectisme et emprunte ses exemples à toutes les aires culturelles et toutes les époques, de sorte qu'il opère à l'intérieur d'une sorte de stripologie générale (ou de stripologie comparée). Renaud Chavanne dialogue avec les théoriciens Pierre Fresnault, Jean-Claude Raillon, Thierry Groensteen et Harry Morgan. Il repère avec beaucoup de perspicacité des figures utilisées depuis le XIXe siècle, notamment celle de la maison vue en coupe, et fait même des parallèles avec le frontispice du livre imprimé de la Renaissance, voire avec l'enluminure médiévale.
Rigueur de l'analyse technique et prudence des conclusions (les hypothèses sont proposées en tant que telles) caractérisent le propos. Peut-être l'auteur aurait-il gagné à préciser davantage ses catégories théoriques. Ainsi, il retient le terme de discours et le préfère à ceux de récit, de code et de langage, mais ce qu'il étudie dans la bande dessinée relèverait plutôt semble-t-il d'une raison (ou parfois d'une déraison) graphique et compositionnelle.
Source : The Adamantine - (c) Harry Morgan et Manuel Hirtz
Portes & fenêtres : prégnance du motif p. 15
. Portes & fenêtres, lieux & symboles p. 39
. Intérieur & extérieur p. 41
. L’être social (privé & public) p. 52
. La porte schizophrène, entre intériorité & extériorité p. 58
. La porte des Enfers, entre la vie et la mort p. 62
. De l’autre côté de la porte (familier & sauvage) p. 68
. Compartiments p. 74
.
Case-fenêtre & porte-page p. 83
. La case-fenêtre p. 84
. La planche-fenêtre p. 87
. La case-cube p. 116
. La maison de poupée p. 132
. La case et son battant p. 157
. Les vibrations de la gouttière p. 169
. Stase dans l’entre-deux p. 181
. La case-titre et la porte ponctuation p. 185
. La page-porte p. 190
. Le livre-édifice p. 213
. Livres et monuments p. 220
.
Commentaires & réflexions p. 229
. Pierre Fresnault-Deruelle p. 229
. Jean-Claude Raillon p. 231
. Thierry Groensteen p. 235
. Harry Morgan p. 238
.
Trait & composition p. 243
. Le surcadre p. 245
. Le cadre interne p. 259
. Les multiples usages du trait p. 266
. L’indifférenciation du trait p. 271
. Métaphysique du trait p. 289
. Antraipologie p. 308
.
Index des noms d'auteur p. 316
Bibliographie p. 324
Table des illustrations p. 320
Table des matières p. 321
Poursuivant ses études de l'organisation des images dans la bande dessinée, Renaud Chavanne s'attache ici à aux motifs récurrents des portes et des fenêtres. Il montre comment ces motifs témoignent de la proximité entre les opérations de composition de chaque image (case) et des images les unes avec les autres. Après l'étude de la composition (mise en page) chez Jacobs et la généralisation de ses conclusions à l'ensemble de la bande dessinée, Chavanne met en lumière les relations étroites qui existent entre le dessin et la composition.
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