Bananas numéro 14

Après trois articles consécutifs, dans les numéros 11 à 13 de Bananas, consacrés à Tex Willer, Manuel Hirtz poursuit son étude de la bande dessinée populaire italienne avec un long papier sur Zagor, série créée par Luigi Bonelli (fils de Sergio) et le dessinateur Gallieno Ferri. S'étalant sur plus de trente ans, pesant plusieurs dizaines de milliers de pages, elle n'a que partiellement été éditée en France, dans les périodiques Kiwi et Yuma. Hirtz produit une nouvelle fois une analyse passionnante d'un monument de la BD italienne, pour le moins mal connu dans le monde franco-belge. Comme à son habitude, l'auteur aborde tout autant les motifs narratifs, la caractérisation des personnages que les questions d'expression graphique. Il ne manque pas de préciser les différents auteurs qui ont eu la série entre les mains, évoque la littérature secondaire italienne qui la concerne et la rattache à un contexte fictionnalisant plus vaste. Les textes de Hirtz sont à eux seuls une excellente raison de lire Bananas. La seconde partie du très long entretien avec Lucques, qui précéde le texte de Hirtz, en est encore une seconde. La qualité de l'entretien, déjà manifeste dans la première partie, se confirme ici. On ne manquera pas non plus les deux articles consacrés à Philippe Foerster par Pierre-Gilles Pélissier, et tout particulièrement le premier, qui ouvre ce quatorzième numéro de la revue critique de bande dessinée. Les dix réponses de Foerster aux dix questions qui lui sont posées montrent un auteur lucide et attentif à son propre travail, capable de le commenter et de l'expliquer avec une précision égale à celle dont témoigne Lucques. Rappelons que tous les artistes n'ont pas une telle éloquence. On regrette que Pélissier, dans son deuxième texte, n'ait pas lu plus avant les autres contributeurs de la revue dont le travail aurait pu avantageusement venir épauler ses propres conclusions. L'intérêt des quelques textes soulignés ici se poursuit tout au long de la revue, dont on signalera encore qu'elle accueille les réflexions de Benoît Barale, qu'on a pu lire auparavant dans Comix Club.