Le maître argentin insoumis
Pays : France, Montrouge
Editeur : PLG
Collection : Mémoire vive
Année d'édition : 2019
Première édition : 2019
128 pages
16 x 24 cm - 400 gr
Langue : Français
ISBN : 9782917837320
Si un titre consacré à l'immense dessinateur uruguayen est une excellente chose, on peut regretter que Laura Caraballo ne fasse qu'effleurer son sujet dans ce bref essai de quelques dizaines de pages. L'autrice s'attache à décrypter l'œuvre d'Alberto Breccia, laquelle appelle d'ailleurs effectivement le commentaire, tant elle peut s'avérer ardue. Mais l'argumentaire déployé est assez restreint et finalement décevant. Des images étonnantes des Mythes de Cthulu ou du Rapport sur les aveugles, il n'est pas dit grand chose. Des détails concernant les techniques de l'artistes (projections, collages, etc.) sont donnés, mais aucune perspective historique n'est proposée : on ne comprend pas ce qui a amené l'auteur à passer d'un outil à l'autre, d'une manière de faire à une autre, alors même que Breccia lui-même s'en est expliqué dans ses entretiens avec Sasturain. De même, certaines hypothèses semblent ténues, manquant de soutien. Ainsi, Caraballo estime que c'est la pratique des adaptations littéraires qui amène Breccia à des expérimentations radicales. Pourtant, les entretiens avec Sasturain indiquent que l'Uruguayen était familier depuis longtemps de l'adaptation en bande dessinée. À contrario, la technique du collage aurait été motivée par la nécessité de réaliser sans délais un scénario fournit par un tiers, et sans rapport avec une quelconque adaptation. Dans le même esprit, on peut regretter que le cahier central ne soit accompagné d'une aucune explication justifiant le choix des images, ni même d'aucune datation. Force est de constater que Breccia est un auteur qui résiste, ce qui ne surprendra pas ses lecteurs.
Mince essai d'un peu plus de cent pages, s'inscrivant dans la collection Mémoire vive de l'éditeur PLG. La couverture est souple, comme toujours, soutenue par de larges rabats, pratique adoptée plus récemment par l'éditeur. Le pavé de texte est volumineux, doublé des notes renvoyées en bas de page suite à un appel bien gras. Les illustrations sont nombreuses, et bien reproduites, quoi que les couleurs ne soient pas restituées en raison d'une impression intégralement en noir et blanc. Ces reproductions accompagnent le texte, mais forment également un cahier central d'une trentaine de pages qui n'est pas introduit, si ce n'est pas une accroche de huit lignes. Intitulé « Tout l'art de Breccia », il ne fait l'objet d'aucun accompagnement explicatif, les légendes des extraits proposés n'étant que très partiellement datées, si ce n'est, parfois, de l'édition tardives dont elles ont été extraites. Un index et plusieurs annexes dont une liste des adaptations de Breccia, indiquant ce qui a été probablement la première piste de travail de Laura Caraballo. Une autre, indiquant les adaptations françaises de Breccia, et une bibliographie, s'abreuvant judicieusement à des sources hispanophones. La maquette est de Luc Duthil.
Notule de Harry Morgan et Manuel Hirtz :
Panorama de l’œuvre de Breccia, située dans la tradition de la bande dessinée argentine, suivi d’une analyse de l’œuvre sur le plan stylistique et sur le plan plastique, en relation avec la problématique de l’adaptation littéraire. L’auteur a eu la bonne idée d’extraire de sa thèse de doctorat une monographie à la fois dense et accessible, écrite du point de vue de l’historienne de l’art, et qui a l’avantage de donner un point de vue latino-américain. Bibliographie scrupuleuse et cahier d’illustrations épais, bien choisi, et qui éclaire le propos.
Source : The Adamantine - (c) Harry Morgan et Manuel Hirtz
Introduction p. 6
Première partie ALBERTO BRECCIA ET L'HISTORIETA p. 9
.
. Grandir à Mataderos p. 10
. Les premières historietas p. 11
. Le début de carrière de Breccia : du gag à l'aventure p. 16
. L'explosion du marché et de la création p. 18
. Le déclin de l'industrie nationale p. 22
. Bandes dessinées survivantes p. 25
.
Deuxième partie LE PROCESSUS CRÉATIF CHEZ BRECCIA p. 33
.
. La rencontre Breccia-Oesterheld p. 37
. La mise en image de l'univers Lovecraftien p. 43
. La prise de distance critique p. 45
. L'opacité du langage de la bande dessinée p. 45
. Le collage p. 45
. La formule ironique p. 49
. Le grotesque p. 50
. Le grotesque, l'ironie et la satire : Dracula, dracul, Vlad ? Bah p. 52
. Alberto dans ses cases p. 55
. Cahier images TOUT L'ART DE BRECCIA p. 57 `
.
Troisième partie BANDE DESSINÉE PLASTIQUE ET ADAPTATION p. 85
.
. Des belles lettres à la séquence d'images : les personnages p. 87
. La plasticité des personnages chez Breccia p. 89
. Les espaces plastiques p. 90
. Plusieurs points de vue au sein d'une même image p. 91
. La relation figure-fond p. 93
. Espace, couleur et atmosphères p. 94
. Mise en images : l'obsédante répétition p. 97
. l'art de l'estampe p. 105
. l'héritage des artistas del pueblo (les artistes du peuple) p. 108
.
Conclusion p. 110
Annexe p. 114
Bibliographie p. 119
Index p. 125
Cet ouvrage propose une approche de la vie et de l'œuvre du dessinateur Alberto Breccia. Sa place dans la bande dessinée argentine, son influence internationale, sa recherche et son expérimentation permanente se traduisent par une œuvre éclectique et inclassable du point de vue stylistique. De la rencontre avec le célèbre scénariste Héctor Germán Œsterheld, acteur fondamental de l'âge d'or de l'historieta, à ses adaptations littéraires, Breccia aura l'occasion d'aborder toute une gamme de moyens nouveaux en bande dessinée, qui l'amèneront à explorer les frontières entre le figuratif et l'abstraction.
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