Charlie Schlingo

Écrite par celle qui fut la compagne de l'artiste Jean-Charles Ninduab, dit Charlie Schlingo, on peut comprendre que cette biographie soit hagiographique. Il en ressort un portrait avantageux de l'homme : sportif (en dépit des conséquences d'une poliomyélite qui l'avait laissé boiteux et affecté par des douleurs fréquentes), musicien (batteur de jazz et de rock), joueur de poker… En vérité, il s'agit plus d'un portrait intime que d'une biographie, l'ouvrage ne couvrant qu'une partie de l'existence de Schlingo et étant peu prodigue de données factuelles. Et c'est précisément lorsqu'il penche vers le témoignage que le livre prend son intérêt, l'autrice ayant à cœur de démentir et de contredire le portrait fait par ailleurs de Schlingo (on pense ici notamment au livre de Cestac et Teulé, Je voudrais me suicider, mais je n'ai pas le temps). Comme le dit très justement Christine Taunay, la réputation qui collait à Schlingo, et qu'elle estime surfaite mais dont elle reconnaît que l'artiste en est largement responsable, en est venue à surpasser voire à occulter son œuvre. Elle évoque encore la grande sensibilité de l'individu, ses moments de déprime devant l'accueil fait à son travail, confronté au rejet dont il était l'objet (« il allait au bout de sa déchéance, se négligeait et mettait son corps à dure épreuve »). Elle note judicieusement que l'image véhiculée présentant Schlingo comme un homme brutal, vulgaire, répugnant, glauque est issue de la confusion faite entre l'œuvre et le créateur, celui-ci restant cependant un déconneur impénitent (« il ne pouvait s'empêcher de dire ou de faire des idioties en public »). Reste toutefois que « contrairement à l'image qu'il donnait de lui en général, dans vie privée, il était discipliné, organisé et rigoureux ».