Publier la bande dessinée

Les éditeurs franco-belges et l'album, 1950-1990

Pays : France, Villeurbanne

Editeur : ENSSIB

Collection : Papiers

Année d'édition : 2018

Première édition : 2018

424 pages

145 x 230 cm - 700 gr

Langue : Français

ISBN : 9791091281904

  • -5%
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Belle couverture rouge où sont installés, dans le quart supérieur, en blanc et en noir, les titre, sous-titre, nom de l'auteur, nom de l'éditeur, nom de la collection et mention « essai ». De cette dernière, on note l'insuffisance, tant le travail de Sylvain Lesage s'apparente plus à une étude complète qu'au travail plus mono thématique qu'elle laisse entendre. Se détache en gauffrage, au centre de la couverture, l'élégante et grande mention "BD", immédiatement contredite par l'avertissement de l'auteur figurant dès la page 7 : « Nous avons systématiquement et délibérément employé le syntagme “bande dessinée”, sans recourir à l'abréviation “BD”. Cette abréviation renvoie en effet, selon nous, à des connotations enfantines ou familières plus dommageables que les répétitions inévitables du terme ». Quant à votre libraire, il y a longtemps qu'il a renoncé à bannir ce “BD” dont la prétendue absence de légitimité ne lui cause aucun souci, pas plus qu'une possible connotation enfantine, et, disons-le sans peur, immature.
Mais tout ceci n'est qu'un clin d'œil sans importance qui ne doit pas porter préjudice à l'impressionnant travail de Sylvain Lesage. En revanche, si nous félicitons les Presse de l'Enssib pour le beau blason placé en couverture en ignorance des souhaits de son auteur, nous regrettons vivement le gris trop clair du texte courant, surtout dans un ouvrage de cette ampleur. Quand la lumière baisse et que la vue en a fait de même depuis longtemps, il est parfois difficile de suivre les lignes. Et que dire des notes placées aux bas des pages ! Dommageable pour le lecteur, le refus d'un beau et franc noir de caractères est, nous semble-t-il, indigne d'une collection qui se baptise « Papiers » et qui se consacre aux sciences de l'information et aux bibliothèques. Même remarque concernant les nombreux et intéressants graphiques qui s'égrainent dans le livre : la seule réduction homothétique d'un tracé provenant d'un grapheur n'aurait pas dû suffire : trop souvent les libellés des abscisses et des ordonnées sont si petits qu'on peine à les distinguer. C'est dommage, car la composition de l'ouvrage, signée de Cédric Vigneault, est loin d'être déshonorante. Ainsi, l'absence d'alinéa de paragraphes après un titre est un signe de goût et de savoir-faire. De même, le luxe d'une impression intégralement en couleur profite-t-elle aux illustrations (toujours sourcées et legendées, mais pas datées). De ce côté encore, on a du mal à comprendre le parti-pris qui consiste à les restituer en petite taille alors que ni leur nombre très raisonnable, ni la pagination imposante (plus de 400 pages) n'interdisaient d'en faire mieux profiter le lecteur. Hasardons une explication : le travail de maquettage sur ordinateur offre l'opportunité d'agrandissements importants, d'autant plus que les grands écrans se sont multipliés... on en oublie parfois que le lecteur, lui, a du papier entre les mains. À moins que le jeune âge de l'équipe de l'atelier lyonnais Perluette, à qui l'on doit la conception graphique du livre, ne les abuse : non, Mesdames et Messieurs de l'Atelier, le bel âge ne dure pas ! Seul espoir pour les faibles de l'œil : la reliure, souple et maniable, qui plie et résiste en douceur à la torsion du livre pour mettre les pages en lumière.

Notule de Harry Morgan et Manuel Hirtz :

Très complète histoire de l’album franco-belge sur la période de l’après-guerre, l’auteur se reposant sur sa thèse de doctorat, mais ayant l’intelligence de fabriquer un ouvrage autonome, de sorte que le lecteur éclairé aura intérêt à consulter et la thèse et le livre.
L’auteur appartient à la confrérie des historiens du livres qui se penchent sur les publications populaires et qui travaillent à partir des archives des éditeurs. Dans une telle optique de recherche, l’album est un objet d’étude commode, car le corpus est facilement délimitable à l’aide des catalogues d’éditeur, et facilement accessible, les albums ayant vocation à être conservés, alors que le périodique apparaît, en comparaison, un matériau amorphe (quantité, problème de datation et de repérage du contenu, caractère de mélange de ce contenu). En sens inverse, le choix de l’album est problématique, puisque cette forme éditoriale est, au départ de la période considérée, en réalité marginale, et l’auteur se tire d’embarras en adoptant une perspective évolutionniste et en montrant comment l’album devient la forme prédominante et même la forme standard de publication de la bande dessinée.
Une telle perspective n’a rien de critiquable en tant que telle, mais elle amène parfois l’auteur à des anachronismes. Pour ne donner qu'un exemple, l’auteur s’étonne ainsi que Hachette ne sorte plus d’album après les Mickey d’avant-guerre et jusqu’au début des années 1970. Mais pour l’éditeur, la forme normale de publication de la bande dessinée est la publication presse (Le Journal de Mickey), qui bat des records de tirage. Au surplus, la tentative au début des années 1960 de concurrencer les albums de Hergé, via les quatre albums cartonnés de Nic et Mino parus à l’enseigne des Éditions Hardi (mais avec un copyright Édi-monde) se solda par un semi-échec.
On pourrait aussi exprimer des réserves sur la question du statut culturel de l’album tel que traité par l’auteur, et faire la comparaison avec les positions moins naïves d’une Nathalie Heinich.
On regrettera pour finir un parti pris que rien ne justifie en faveur des publications communistes, au détriment des publications catholiques ou des publications « commerciales ». Ceci précisé, on ne peut reprocher à un auteur de manifester les biais de sa classe sociale ou de son institution. M. Lesage a l’avantage de faire son miel de toute fleur et, quoique citant dûment les travaux de ses prédécesseurs, il échappe à certains aveuglements typiques de la prose académique.

Source : The Adamantine, (c) PLG, Harry Morgan et Manuel Hirtz

Sommaire du livre

Note de l'auteur    p  7

Remerciements    p. 9

L’album de bande dessinée en France : une exception culturelle    p. 11

.

Chapitre I. La mort sinueuse

Les maisons d’édition parisiennes en perte de vitesse     p. 31

. Une pieuvre en retrait : l'abandon de l'album par Hachette    p. 33

.. Hachette et la bande dessinée américaine dans l'entre-deux guerre : un rôle pionnier    p. 33

.. Le retrait d'Hachette dans l'après-guerre    p. 40

. S'adapter aux temps nouveaux. Armand Colin et Gautier-Languereau    p. 47

.. Armand Colin et les albums de Christophe    p. 47

.. Gautier Languereau : vers une première standardisation de l'album de bande dessinée    p. 50

. Des maisons vieillissantes    p. 57

.. Garnierfrères : Benjamin Rabier, un auteur démodé ?    p. 57

.. Tallandier, Rouff    p. 61

.

Chapitre II. Le territoire des ombres

Des éditeurs en profonde mutation    p. 65

. Le Triomphe des Pieds-Nickelés : la Société parisienne d'édition, du fascicule à l'album    p. 67

.. Les frères Offenstadt et les début de la Société parisienne d'édition    p. 67

... Les fascicules des frères Offenstadt : des concentrés d'illégitimité    p. 67

... Entre l'album et le fascicule : la Société parisienne d'édition à la recherche d'un modèle original dans l'après-guerre    p. 72

. La Bonne presse et Fleurus : une position ambiguë sur le marché de la bande dessinée    p. 78

. Les Temps sauvages : les éditions Vaillant tiraillées entre presse et livre    p. 85

.. De l'illustré à la maison d'édition    p. 85

.. 1945-1954 : une première salve de publications    p. 91

.

Chapitre III. Pilotes d’essai

En Belgique, des « éditeurs sans édition » ?    p. 109

. Noces de brume : Casterman : la bande dessinée par accident    p. 111

.. Hergé : une manne inattendue    p. 113

. À l'ombre des terrils : Dupuis et la genèse d'une édition doublement périphérique    p. 120

.. Un imprimeur-éditeur sur le terrain de la bande dessinée    p.120

... De l'imprimerie à l'édition : les débuts de la maison Dupuis    p. 120

... Le journal de Spirou : un instrument de reconquête catholique de la jeunesse    p. 123

.. Les difficultés de la guerre et la transmission inter-générationnelle    p. 128

.. Du journal à l'album : l'apprentissage d'une politique éditoriale    p. 133

... Spirou, une écurie d'auteurs    p  133

... De l'almanach à l'album    p. 139

.. Commercialiser la bande dessinée : les catalogues de livre d'étrennes, témoins du basculement du centre de gravité    p. 144

.

Chapitre IV. Le grand défi

Dargaud et Le Lombard :une édition franco-belge ou belgo-française ?    p. 153

. Duel dans le ciel : Georges Dargaud, Raymond Leblanc : de nouveaux venus dans l'univers de l'édition    p. 154

.. Le Lombard et Dargaud, un partenariat fructueux    p. 154

.. Du journal à l'album : une conversion prudente    p. 164

. Le grand fossé : le « phénomène Astérix » et la modernisation du marché de la bande dessinée en France    p. 170

.. un best-seller gaulois    p. 170

.. De la presse au cinéma : la construction d'un phénomène médiatique    p. 176

. Dargaud après Astérix    p. 184

.

Chapitre V. Ceux qui marchent debout

Le marché de la bande dessinée, entre expansion et diversification    p. 193

. Havanies primesautières : l'ouverture des possibles. Fanzines, free press et édition    p. 195

.. Un décennie explosive : l'ébullition créatrice des années septantes    p. 195

.. De la nouvelle presse à l'édition : l'itinéraire singulier d'une avant-garde française    p. 202

. Le printemps de l'édition de bande dessinée    p. 205

.. Un marché en plein essor    p. 205

.. Barre-toi de mon herbe : vers une provincialisation de l'édition de bande dessinée    p. 213

.. Une francophonie élargie    p. 218

. Une diversification des acteurs de l'édition    p. 223

.. Les pionniers d'un rapport autre au livre. Losfeld, Horay, Pauvert    p. 223

.. La peau des autres : vers une banalisation de l'édition de bande dessinée    p. 226

.. A corps perdu : Albin Michel et la rentrée dans le rang d'une « nouvelle presse »    p. 233

.

Chapitre VI. La cité obscure

Les libraires-éditeurs bruxellois, de l’invention d’un patrimoine à la recherche d’une modernité    p. 239

. Les ressuscités : les libraires-éditeurs bruxellois, creuset patrimonial    p. 241

.. Deux générations de libraires    p. 241

.. Des trajectoires contrastées    p. 246

.. Michel Deligne et la réévaluation du patrimoine de Dupuis    p. 249

. De Chic-Bull à Magic Strip : vers la ligne claire ?    p. 254

.. De la librairie à l'édition    p. 255

.. Du patrimoine à la nouveauté : les paradoxes de la collection « Atomium 58 »    p. 258

.. De Paris à Bruxelles : le dificile renversement de polarité    p. 264

.

Chapitre VII. Bravo pour l’aventure

Futuropolis : creuset de nouveaux formats, carrefour des indépendants    p. 271

. Les sept couleurs du noir : un rapport autre à l'édition    p. 273

.. De la librairie à l'édition    p. 273

.. Naissance d'un éditeur    p. 277

. L'état des stocks : croissance de la production    p. 280

.. Structuration du catalogue    p. 280

.. Indépendance et diffusion    p. 289

.. De l'externalisation de la diffusion à la filialisation    p. 292

. Passe le temps : Futuropolis / Gallimard : vers une nouvelle politique éditoriale    p. 297

.. Filialisation et opportunités éditoriales    p. 297

.. La bête est morte : la mise en sommeil de Futuropolis    p. 302

Chapitre VIII. En attendant le printemps

La recomposition du secteur de l’édition, 1980-1990    p. 307

. « M. Boulier a pris le pouvoir » : une crise de la bande dessinée dans les années 1980 ?    p. 309

.. Fragilisation des titres de presse et poids croissant de la librairie    p. 309

.. Station brouillard : la tentation audiovisuelle    p. 314

. Les jeunes loups : les bourgeons d'une nouvelle génération d'éditeurs    p. 320

.. Vers une nouvelle génération d'indépendants    p. 321

.. Guy Delcourt : le succès foudroyant d'un jeune éditeur    p. 325

.. L'association : vers un renouveau de l'édition alternative    p. 328

Chapitre IX. Requiem blanc

Illusions perdues. Les éditeurs traditionnels à l’ère des concentrations    p. 333

. Autoroute du soleil : Casterman et l'adoption d'une politique éditoriale volontariste    p. 335

.. (À suivre) : Casterman vers la bande dessinée « adulte »    p. 335

.. Le magazine, outil de construction d'un catalogue éditorial : la réussite paradoxale d'(À suivre)    p. 341

.. Un été indien : succès éditoriaux et difficultés dans la presse    p. 344

. Les bijoux ravis : des entreprises familiales à l'heure des restructurations du marché    p. 351

.. Haute tension : Casterman et l'effritement de la solidarité dynastique    p. 351

.. « La soupe aux Schtroumpf » : la revente chaotique de Dupuis    p. 357

. Le groupe Ampère et la reconquête catholique de l'édition de bande dessinée    p. 361

..« Partie de chasse » : Le Lombard dans le bal des prétendants    p. 363

.. « Les phalanges de l'ordre blanc » : la constitution d'une nébuleuse catholique dans l'édition de bande dessinée    p. 367

.

La bande dessinée et le livre

Histoire d’une mutation éditoriale décisive    p. 373

.

Bibliographie    p. 381

Généralité, cadre théorique    p. 381

Outils de travail    p. 385

Bibliométrie    p. 386

Éditeurs et marché du livre    p. 388

Histoire de la bande dessinée et approches historiennes de la bande dessinée    p. 393

Le marché de la bande dessinée    p. 396

Presse et journaux de bande dessinée    p. 399

.

Index    p. 403

Personnes    p. 403

Revues et périodiques    p. 407

Principaux éditeurs    p. 408

.

Annexes    p. 411

.

Liste des illustrations    p. 413

.

Table des matières    p. 419

4e de couverture

La bande dessinée, qui a longtemps pâti de son image de « mauvais genre », est désormais pleinement reconnue comme une pratique culturelle légitime. Ce statut de « neuvième art », singulier à l'espace franco-belge, est étroitement lié à une autre exception : le poids du livre dans la publication de la bande dessinée.
Ce livre montre comment la bande dessinée passe, en quelques décennies, d'une forme quasi exclusivement vouée aux pages des périodiques à l'un des secteurs les plus dynamiques de l'édition franco-belge. Entre la loi de 1949 sur les publications destinées à la jeunesse et les « printemps des éditeurs » quarante ans plus tard, c'est un marché qui se structure, avec ses imprimeurs qui s'improvisent éditeurs, et ses éditeurs qui s'emparent d'un secteur porteur.
En se fondant sur une connaissance intime des évolutions esthétiques de la bande dessinée et un dépouillement approfondi des archives d'éditeurs, l'auteur retrace l'apparition du standard éditorial de l'album franco-belge (le « 48 CC ») et étudie comment cette forme de publication affecte les manières de créer, de transmettre et de recevoir la bande dessinée.
Sylvain Lesage est agrégé d'histoire et maître de conférence en histoire contemporaine à l'université de Lille. Ce volume constitue le premier volet de la publication de sa thèse L'Effet codex : quand la bande dessinée gagne le livre, l'album de bande dessinée en France de 1950 à 1990 ; un second ouvrage plus centré sur le formalisme et la poétique est prévue aux Presses Universitaires François Rabelais (PUFR).

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